Et si on prenait de la hauteur… et un bon bol d’air ? Ils sont nos petites montagnes en Wallonie, ils sont aussi de véritables poumons verts pour les villes : les terrils. A l’époque de l’exploitation des charbonnages, on les appelait crassiers ; ils sont aujourd’hui, pour certains d’entre eux à Charleroi, des lieux de promenade avec des sentiers balisés.
La nature n’a pas besoin de nous…
Un terril reverdi, c’est d’abord une couverture au sol… suivent les arbustes et les arbres au fil du temps RTBF© Tous droits réservés
Pour bon nombre d’entre eux, les terrils ont reverdi naturellement. Le sol n’y est pas bien riche mais au fil du temps, la nature offre, à une faune et à une flore particulières, un territoire repris à l’industrie. A Charleroi, ils constituent une ceinture verte appréciable, qui s’est développée au cœur des communes ouvrières entourant le centre-ville. Petit à petit, les citoyens se sont réapproprié ces espaces verts insolites, les défendant parfois corps et âme lorsque l’idée d’exploiter le charbon qui se trouvait encore dans les terrils a surgi, fin des années 80. Un combat mené avec succès par le comité de défense du Martinet à Roux mais perdu pour beaucoup d’autres terrils. La société Ryan Europe a pris possession des lieux où elle disposait d’un permis, imposant un ballet de pelleteuses et de camions aux riverains tout proches et défigurant un paysage où la nature avait repris le contrôle. Le Pays noir avait retrouvé sa noirceur, même si la société Ryan Europe avait pour obligation de reverdir les terrils, après exploitation.
Des terrils à perte de vue RTBF© Tous droits réservés
L’époque des charbonnages a fait la richesse de la Wallonie. Venue de Wallonie bien sûr, mais de Flandres très vite et en nombre, d’Italie beaucoup, de Grèce, de Pologne et d’ailleurs ensuite, la main-d’œuvre n’a pas manqué, créant une corporation, celle des mineurs, à qui l’on doit les plus grandes avancées sociales. Des avancées gagnées à "coût" de morts mais portées par cette incroyable solidarité qui habitait ceux qui allaient au charbon, quelles que soient leurs origines, leur langue, leurs convictions religieuses ou philosophiques. Leurs conditions de vie passaient aussi par le logement. Il fallait qu’ils soient à proximité des puits d’extraction, à proximité dès lors de ces crassiers où l’on déversait les déchets jusqu’à ce qu’ils deviennent des monts appelés terrils, traces vivantes d’un labeur douloureux. L’habitat s’est donc construit au cœur de l’industrie du charbon et des quartiers ouvriers ont vu le jour au pied des terrils. Ils modèlent encore Charleroi métropole mais l’air y est devenu beaucoup plus respirable, ce n’est rien de le dire.
Beaucoup d’espoir aussi !
Jacky Druaux, un passionné de son terroir RTBF© Tous droits réservés
Aujourd’hui ces terrils ont acquis, pour certains, des lettres de noblesse. Les sentiers balisés qui les traversent à Charleroi ont été intégrés, de-ci de-là, dans un sentier de GR, intitulé la Grande Dérive. Ils font aussi partie de cette Grande Boucle, une randonnée péri-urbaine, étalée sur plusieurs jours, que l’Eden (Charleroi) organise chaque année pour relier les carolos et autres curieux à leur passé mais aussi à leur avenir. Des racines et des ailes, en somme. Exactement l’état d’esprit de Jacky Druaux, comédien carolo aux multiples talents, qui s’ingénie à mettre en lumière tout ce que notre passé et notre présent ont, non pas de glorieux, mais d’humain, profondément humain. Une balade avec lui sur le terril du Bayemont, c’est un bain de nature mais bien plus encore.
Découvrir Charleroi autrement. RTBF© Tous droits réservés
Guide nature et guide "terril", le comédien vous donne rendez-vous auprès de "son" terril, celui qu’il a étudié, observé pendant sa formation : le terril du Bayemont. Le foulard d’ouvrier de son père autour du cou et un quinquet (lampe de mineur) accroché à son bâton de marche, Jacky Druaux plante le décor autour d’une carte avant d’entamer la promenade. Comment la nature s’est-elle emparée du site, comment les hommes lui ont-ils donné un coup de pouce, quelles sont les espèces qui se sont accrochées à ce terrain aride, qu’est-ce qui est comestible, invasif, favorable à la biodiversité, comment l’ancien bassin de décantation est-il devenu une roselière entretenue par des bénévoles ? L’homme a réponse à tout cela mais surtout, il vous emporte dans un récit fait d’anecdotes, de fables et de légendes, de poésie aussi. De quoi rendre encore plus attachants ces poumons verts que la nature nous offre aujourd’hui sur ces lieux de mémoire. Des arbres dans la ville, c’est aussi une aubaine pour lutter contre les conséquences du changement climatique (ils absorbent du CO2 et font baisser les températures au sol).
Gravir ces terrils au fil de sentiers balisés, c’est l’occasion de constater à quel point le pays noir est devenu vert sans même s’en rendre compte. La nature n’a décidément pas besoin de nous, c’est nous qui avons besoin d’elle.
Author: Christy Duarte
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